Jean-Louis de Ganay,

(1922-2013) était le père de Valentine de Ganay, l’actuelle gérante de la Société Civile d’exploitation agricole de Montchal, sise dans le hameau de Chalmont, à mi-chemin entre les villages de Fleury (77) et de Courances (91). Apprit l’agriculture à Grignon pendant la guerre. Résistant. Maire de Courances pendant 55 ans. Acteur de la révolution verte mais perplexe face à l’augmentation des coûts parallèle à celle des rendements. Chasseur passionné, avec ses quatre frères, il dessinait la plaine autant par rapport aux battues qu’il imaginait que dans l’idée des assolements les plus pertinents d’un point-de-vue agronomique. V2G a repris en 2012 la gérance de cette plaine qui est aujourd’hui la propriété de 10 cousins et qui s’étend sur près de 500 ha. Grâce cette sensibilité cynégétique, ce territoire était moins nu que beaucoup de paysages français à la suite du remembrement des années 70-80.

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Valentine de Ganay,

à la tête de cette aventure, est d’abord écrivain et pense que pour que les choses changent dans la réalité, il faut d’abord les imaginer. Allergique aux chapelles et aux idéologies si caractéristiques de l’esprit français, elle organise au château de Courances, en début de saison, ce qu’elle appelle en toute modestie le Yalta de l’agriculture française où elle réunit autour de la table entre 15 et 20 personnes toutes engagées pour proposer des alternatives à l’agriculture dite conventionnelle. Son but à elle et aux 10 cousins propriétaires qui lui ont confié cette mission est d’arriver en 2018 à une agriculture biologique à forts rendements avec un nouveau modèle de ferme en polyculture-élevage.

Sébastien de Ganay,

est un cousin de Valentine. Il vit en Autriche où l’agriculture biologique et même biodynamique sont implantées depuis plus longtemps qu’en France et sur des surfaces considérables. Il a organisé un voyage pour la famille afin de visiter exploitations où les synergies entre élevage et agriculture fonctionnent de manière spectaculaire. Là-bas, les rotations sont souvent conçues sur plus de 10 ans.

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Antoine de Ganay,

est un autre cousin. Avec Sébastien et Valentine, ils constituent à eux trois le « comité plaine ». Il vit en Angleterre, comme Valentine aujourd’hui. Contrairement à la France, la vie à la campagne est en Angleterre une vraie culture, pas synonyme de « province ». Et pour reprendre l’expression « de la fourche à la fourchette » qu’emploie souvent V2G, en Angleterre, côté fourchette, la proposition bio est beaucoup plus attractive, bon marché et variée. Guy Watson, ami d’Henri de Pazzis (Pro-Natura), et son empire Riverford, en est un remarquable exemple.

Henri de Pazzis,

fondateur de Pro-Natura, le plus grand producteur et distributeur de fruits et légumes bio en Europe. C’est lui qui a dit à V2G avant qu’elle reprenne les rennes de l’exploitation : « Avec cette surface et cette proximité avec la capitale, tu pourrais nourrir Paris… » La petite phrase était une image mais elle a impressionné V2G qui a compris qu’en ce début de XXIe siècle, le but de l’agriculture n’était peut-être pas seulement de boursicoter sur les cours du blé à Chicago. C’est Henri de Pazzis qui a réussi à convaincre les
10 cousins propriétaires de cette plaine que la qualité était désormais plus
désirable que la quantité…

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Bruno Saillet

Quand Valentine de Ganay a cherché où acquérir une formation – c’était une des conditions posées par sa famille pour mener avec ses deux cousins, Antoine et Sébastien, le changement de cap -, elle s’est rendue compte que cette plaine représentait quelque chose aux yeux du ministère de l’Agriculture car plusieurs enseignants sont venus l’interviewer chez elle à Paris pour mesurer ses connaissances, ses envies, ses lacunes. Elle a reçu une formation sur-mesure et payante un jour par semaine pendant six mois à la Bergerie de Rambouillet de la part de Bruno Saillet.

Rémi Baudoin,

Après que Claude Aubert de la Chambre d’Agriculture de Seine-et-Marne a rédigé le business-plan démontrant qu’on pouvait gagner plus sur ces sols pauvres en pratiquant l’agriculture biologique qu’en poursuivant l’agriculture conventionnelle, V2G s’est fait conseiller techniquement par Rémi Baudoin et Samuel Millet de la Chambre d’Agriculture de l’Essonne. L’accompagnement par les techniciens des Chambres avait l’avantage d’être gratuit mais il avait lieu seulement tous les quinze jours. Pour reprendre la main d’un point-de-vue non seulement technique mais aussi juridique sur cette plaine sinistrée, ce qu’a proposé le CETA a paru plus adapté.

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Alexis Lepeu,

Alexis Lepeu est le président du CETA Ile-de-France. Le CETA est une association d’agriculteurs mettant en commun leurs expériences afin de créer leurs propres références techniques et économiques.  Ils peuvent proposer un accompagnement technique par le biais d’une structure qui se nomme Agridomaine. La chance a voulu que le CETA Ile-de-France prône déjà
certaines pratiques de l’agriculture de conservation mais grâce à l’implication de Konrad Schreiber à Courances, l’ambition est d’aller plus loin tous ensemble. C’est Charles-Edouard Faure du CETA-Agridomaine qui fait le tour de plaine toutes les semaines et dirige les deux entrepreneurs de travaux agricoles.

Charles-Edouard Faure,

est le conseiller technique de Valentine de Ganay. Formé à l’agriculture conventionnelle mais guidé par Konrad Schreiber, il donne les ordres aux deux ETA ( entrepreneurs de travaux agricoles) qui travaillent la plaine aujourd’hui. En 2012, la plaine ressemblait à une jachère : un enherbement effrayant avec du ray-grass résilient, des sols défoncés et appauvris. Il s’agit de préparer le terrain et de choisir les risques qu’on veut prendre ( quelles cultures de vente, quels couverts etc…) en fonction du territoire de mieux en mieux connu pour le passage au bio programmé pour 2018.

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Nicolas Galpin

est un des deux entrepreneurs de travaux agricoles. (V2G a voulu partager le travail entre deux personnes pour ne jamais se retrouver en tête-à-tête avec une seule comme par le passé). Charles-Edouard Faure met en effet sans cesse en concurrence Nicolas Galpin et l’autre entrepreneur, Arnaud Gronfier. Il cultive aussi ses propres terres à Auvernaux et pratique chez lui certains principes de l’agriculture de conservation même s’il n’a pas encore planté des lignes d’arbres dans ses champs. Il n’a pas peur de travailler la nuit si c’est le meilleur moment pour réaliser le travail.

Arnaud Gronfier

Arnaud Gronfier est l’autre prestataire de travaux agricoles. Il est le salarié de Guy Jullemier qui dirige l’entreprise Pam-Paysage. Bernard Jullemier, l’oncle de Guy, occupait la ferme quand V2G était enfant. Dans la mesure où il n’y a plus de matériel à la ferme, fonctionner avec des ETA (entrepreneurs de travaux agricoles) qui arrivent avec leur matériel est pour le moment la seule manière possible. Arnaud est également chasseur et entretient donc de très bons rapports avec Kevin, le garde-chasse et le fils de celui-ci, Christopher. 10 % du territoire sont réservés aux couverts de chasse et c’est Arnaud qui se charge de leur mise en place. Après 2018, V2G souhaiterait pouvoir installer une famille à la ferme. Lui pourrait par exemple être chef de cultures et elle serait responsable de la partie élevage. Quand la ferme commencera à générer plus de trésorerie, elle espère que des personnes pourraient s’approprier l’ensemble de ce défi agronomique pour en faire un projet de vie.

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Konrad Schreiber,

de l’Institut de l’agriculture durable (IAD), pape de l’agriculture de conservation, est aujourd’hui la référence technique pour le projet dans cette plaine. Itinéraire technique choisi par V2G pour arriver à une agriculture bio rentable en 2018. Plus de labour, plus de sols nus, semis sous couverts… L’agroforesterie n’étant qu’un des outils de l’agriculture de conservation pour ressusciter les sols. Le travail du sol est considéré plus polluant par les disciples de l’agriculture de conservation qu’un peu de Round-Up tous les 3 ou 5 ans… V2G souhaiterait, à terme, pouvoir se passer des deux,ni chimie, ni travail du sol. Rêve de tous les agriculteurs, rarement atteint. En 2013, elle a signé un contrat pour 5 ans avec le CETA à condition que celui-ci travaille de concert avec Konrad Schreiber.

Alain Canet,

Alain Canet, président de l’AFAF, Association française d’agroforesterie.
2000 arbres ont été plantés pendant l’hiver 2014-2015 sur 70 ha de la plaine qui en compte 460. Sans l’aide financière du PNR (Parc Naturel du Gâtinais
français) et de l’Europe ( fonds Feder), la SCEA ( Société Civile d’exploitation agricole) de Montchal n’aurait pu porter ce chantier innovant. Le but est de produire du bois d’oeuvre dans 40 ans mais dans un premier temps de faire bénéficier les sols d’un apport naturel de compost et de les restructurer grâce aux racines des arbres. Les arbres rendent aussi les sols plus résilients face aux aléas climatiques de plus en plus fréquents. Des kilomètres de haies ont également été restaurées faisant réapparaître dans ce paysage ce qu’on désignait jadis sous le terme de « génie rural ».

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Agnès Sourisseau

a organisé la mise en place de l’agroforesterie avec les pépinières Naudet ( en la personne de Luc Picot) et les chantiers participatifs pour restaurer les haies. 200 bénévoles sont ainsi venus travailler pendant 4 jours pour ce dernier projet. Un buffet agroforestier leur était proposé à la ferme de Chalmont. Preuve de l’intérêt de la société civile pour une nouvelle agriculture. Différentes techniques ont été employées, du très bel ouvrage, et malgré une sécheresse exceptionnelle au début de l’été 2015, le taux de reprise des sujets plantés approche les 90%.

Alexandre Emerit

est l’interlocuteur de V2G au PNR, le Parc Naturel du Gâtinais français. Sans ce soutien financier et logistique, le chantier d’agroforesterie ( le plus important en France au Nord de la Loire) n’aurait pu voir le jour. Avec Pierre de Ganay, un autre cousin, gérant avec V2G du Groupement forestier, une réflexion a également commencé pour déterminer la meilleur manière de restaurer le marais de Beaudelut, classé site remarquable par Natura 2000 et en partie asséché lors de la construction du péage de Fleury.

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Grégoire Rouyer,

conseiller spécialisé AB, travaille pour un réseau coopératif 100 % bio, il est également employé par l’Agence de l’Eau Seine-Normandie et Eau de Paris pour aider les agriculteurs inscrits dans une démarche de changement de pratiques. Sans celui qu’elle appelle son « chevalier du bio », V2G n’aurait pas gagné l’appel à projets de l’Agence en 2014. Il se trouve que la propriété familiale s’étend sur une zone de captage. Les Agences de l’Eau préfèrent aider financièrement de nouvelles pratiques agricoles qu’installer des usines de retraitement en périphérie de chaque agglomération. Grâce aux subsides obtenus, la SCEA de Montchal a pu financer dès 2015, entre autres, un suivi scientifique de la plaine avec l’Institut Pierre et Marie Curie, des études de marché pour déterminer quels élevages réintroduire dans l’idée d’une ferme de polyculture-élevage et un plan de communication dont ce site internet fait partie.

Jérome Véronique,

le jardinier du potager du château de Courances. 2.8 ha, clos de murs. Bio depuis janvier 2015. Remis en culture en 2013 par Antoine Berthelin débauché par Valentine de Ganay du fameux potager de Rosendall à Stockholm. Trois débouchés : la boutique du château, l’AMAP d’Epinay et Terroirs d’Avenir à Paris qui fournit les chefs vraiment intéressés par la qualité et l’origine des produits. Cette production rencontre une vraie demande mais le prix du travail en France est cher, ne faudra-t-il pas inventer aussi de nouveaux modes de commercialisation ?

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François Mullet,

agriculteur et maraîcher en Normandie. Pionnier du maraîchage sur sol vivant (MSV), une autre expression de l’agriculture de conservation. La production des légumes les plus envahissants a été délocalisée du potager et avec l’aide de Julien Plasse, une partie de la production légumière vient d’être mise en place sur 2.5 ha pour expérimenter cette autre pratique du maraîchage. 300 tonnes de compost à l’ha ont été épandus en juin dernier, le but étant de produire des légumes bio sans irrigation et en contrôlant l’enherbement grâce à ce matelas végétal. Mais chez lui, François Mullet n’a pas transféré les techniques du MSV pour les grandes cultures…

Elie Dunand,

est l’ingénieur agronome de Pro-Natura. Avant même que V2G ne reprenne la gérance de la SCEA, il est allé à sa demande ainsi qu’à celle d’Henri de Pazzis interviewer la dizaine de fermiers qui cultivent le reste de la propriété familiale ( 500 autres ha.) Elle espère que ce qu’elle tente là où elle est en exploitation directe finira par inspirer ces fermiers.C’est Elie qui dirigera techniquement la production des fruits et légumes bio dans un périmètre qui est visible depuis le péage de Fleury. Konrad Schreiber aurait bien voulu convaincre Pro-Natura d’appliquer les techniques du Maraîchage sur Sol Vivant (MSV) pour cette production mais l’ambition commerciale et l’expérimentation se dérouleront dans un premier temps chacune à un bout de la plaine.

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Thomas Candusso,

est le commercial de Pro-Natura qui s’engagerait pour cultiver 70 ha afin d’y produire légumes et surtout fruits, en en garantissant l’achat. L’autorisation du forage nécessaire pour irriguer une telle surface vient d’être obtenue auprès des autorités concernées convaincues par l’exemplarité du projet d’ensemble. Ces cultures devraient êtres mises en place à l’automne 2016, on les verra depuis le péage de Fleury sur l’A6. Les fruits et les légumes font une marge plus intéressante que les céréales et sont aussi plus adaptés aux sols sableux de cette plaine mais ces cultures réclament des investissements. Ceux-ci seront présentés à la famille en juin 2016…